Mais cessez donc d’opposer le numérique et le papier !
Je lis plutôt des essais que des romans. Les essais nourrissent mon enseignement et je suis régulièrement amené à lire des mémoires d’étudiants. Ma tablette me permet donc de constituer une bibliothèque ambulante de textes annotés, référencés, dont je peux partager des extraits avec les étudiants ou les enseignants, je peux également relire/annoter/partager les mémoires des étudiants. La tablette est un espace de travail (connecté) comparable à une bibliothèque d’université, on y étudie, on y échange, on y conserve, etc…
En un mot, la tablette n’a rien à voir avec un livre. Rien.
Que les supports numériques remplacent un jour le livre, certainement. Mais cela ne fera sans doute pas disparaître les textes eux-mêmes, de même que les textes écrits n’ont pas fait disparaître les récits oraux. Le livre est une forme transitoire comme le fut le volumen (bande de papier enroulée) que rien ne vous empêche de lire, si ce n’est que les étagères ne sont plus assez profondes pour les stocker en quantité et que nous en avons perdu les modalités pratiques.
Lire des textes sur tablette finira aussi par en modifier la forme, et les textes (récits) s’adapteront aux nouveaux supports comme le peintre magdalénien s’est adapté à la toile, à l’huile, etc… pour, toujours, répondre à notre soif d’éternité (je pense aux dernières pages de Malraux dans les Voix du silence, dont vous pouvez chercher le livre non réimprimé depuis 40 ans maintenant…).
Bref, non seulement cette opposition est stérile, mais surtout elle nous empêche d’explorer les nouvelles formes d’expression propres aux nouveaux supports. Et le pire, pour toute culture, c’est sans doute quand elle sombre dans le silence, pour garder notre culture vivace, il faut que les lieux de son expression soient les lieux communs de notre socialisation, si c’est la tablette ou le smartphone, alors ce sera la tablette ou le smartphone !
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Par : dfitz
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